Qu'est-ce qui peut pousser une femme à dire "non" devant l'autel? Je me suis souvent posée cette question.
Les  films à la télévision nous montrent sans cesse le stéréotype de la  future mariée qui n'aime pas son futur époux, et qui en proie à une  terrible lutte intérieure finit par abandonner le pauvre au pied de  l'autel. Et nous trouvons cela tellement romantique. Elle soulève sa  robe et se met à courir vers l'homme que son cœur aime. C'est soit le  Best Man de l'ancien futur marié, soit un invité,  ou carrément un  anonyme loin des festivités en train de se morfondre dans un bar en  regardant une photo de sa bien-aimée qu'il croit perdue à tout jamais.  Elle débarque alors là, avec en fond sonore une de ces musiques dont les  américains ont le secret, qui ont l'art d'exciter vos glandes  lacrymales. Ce genre de musique qui vous ferait pleurer même s'il  s'agissait d'un petit garçon en train de se brosser les dents, dixit Gad  Elmaleh.
Et alors dans un  ralenti qui arrive à point nommé, elle se jette dans les bras de celui  qu'elle aime vraiment, et ils s'embrassent à en perdre haleine alors que  nous les regardons. Transporté sur un petit nuage nous ne nous rendons  même pas compte que nous sourions béatement.
A  cet instant, on ne pense plus, spectateurs que nous sommes à ce que le  pauvre homme  ou la pauvre femme abandonné(e) au pied de l'autel  devient. On ne pense pas à son embarras, à sa gêne, son humiliation, lui  qui reste pour faire face aux invités.
On  ne pense pas aux parents de la fugitive, qui ne sauront plus où se  mettre et qui en cet instant souhaiteront disparaître dans le sol.
On  ne pense pas à la prochaine relation que le conjoint abandonné aura du  mal à avoir parce qu'il ne pourra plus faire confiance au sexe opposé,  au temps qu'il passera plongé dans l'alcool ou la dépression à batailler  pour ne pas se suicider.
On ne  pense pas à tout l'argent investi, aux invités qui ont effectué le  déplacement et qui ont pris la peine d'acheter de nouveaux vêtements et  des cadeaux.
On ne pense qu'à ce couple égoïste qui bâti son bonheur sur le malheur d'autrui sur fond de musique romantique.
Qu'est-ce  qui peut pousser une femme à dire "non" devant l'autel? Je me suis  souvent posée cette question. Et à aucun moment je ne voyais de réponse  valable. Il y a tellement de moment propice pour dire "non" à un mariage  arrangé, forcé, non désiré.
Pendant  les fiançailles, les cérémonies traditionnelles, la préparation de la  cérémonie civile, la veille même du mariage. Mais pas le jour J, devant  tout ce monde! Je trouvais cela sans cœur.
Mais  aujourd'hui, c'est mon tour de descendre de ma belle voiture décorée  aux couleurs de mon mariage. Abritée derrière mon voile, milles pensées  me traversent l'esprit. Mes pieds sont pris d'un léger tremblement alors  que je monte les marches de la mairie de Cocody. Tous les yeux sont  fixés sur moi. Je vois mon fiancé à l'autre bout de l'allée, il  m'observe en souriant et je ne sais pas quelle réponse je donnerai au  maire quand il me demandera: "Mlle Assi Yolande, voulez-vous prendre  pour époux Monsieur Théodore Djékanou?
Il  y a une semaine encore, je croyais connaître cet homme par cœur, mais  là je ne sais plus. Il a été mon premier homme et je souhaitais  ardemment qu'il reste le seul et l'unique. Je lui ai offert trois années  de ma vie. Trois années dans la vie d'une femme ce n'est pas rien!
Je  l'ai épaulé, soutenu, aimé au point parfois de négliger mon entourage.  Et à une semaine du mariage, alors que je devais quitter la maison pour  ma" mise au vert", monsieur m'a dit qu'il voulait me parler. Il  préférait que je l'apprenne de lui-même et non de quelqu'un d'autre. Son  ex petite amie était enceinte de lui. 
Cette  fille est son amie d'enfance et après leur relation amoureuse, ils ont  gardé de bon rapport. Il me l'a présentée, nous étions devenu amies sous  son insistance.
"Mimi me connait par cœur, tu gagnerais à être proche d'elle, elle te donnera certains tuyaux."
Mimi  avait quitté la ville il y a six mois. Elle m'avait même appelée pour  s'excuser de ne pas pouvoir assister à notre mariage. Or, c'était parce  qu'elle était enceinte, enceinte de Théo qu'elle était partie!
J'ai  essayé de remonter dans ma mémoire à la période potentielle de  conception de cet enfant. Avais-je fais quelque chose pour pousser Théo à  me tromper? On dit toujours que quand un mari trompe sa femme c'est  qu'elle l'a cherché. Mais je ne voyais rien! Théo et moi nous nous  entendions bien, aucune dispute, aucun écart de langage.
Qu'est-ce  qui pousse une femme à dire "non" au pied de l'autel? Dans les films on  nous suggère comme cause principale le fait que l'un des conjoints ne  soit pas réellement amoureux de l'autre et s'enfuit rejoindre son vrai  amour. On montre rarement le mensonge comme motif de fuite. J'aimais  Théo, j'aime Théo. 
Quand il m'a  annoncé cela j'ai pleuré, j'ai crié, je l'ai frappé, je me suis sentie  trahie. J'ai quitté la maison comme prévu. J'ai voulu tout laisser  tomber. J'ai pensé à mes parents, à la famille de Théo, aux dépenses  faites! Tout était fin prêt. Je ne savais pas à qui me confier. Les  jours sont passés et aujourd'hui je suis là, remontant cette allée avec  tous les regards fixés sur moi, sans savoir la réponse que je vais  donner au maire quand il me posera la question fatale: "Mlle Assi  Yolande, voulez-vous prendre pour époux Monsieur Théodore Djékanou?
PS: d'après le blog de Yehni Djidji 
 








