Tantie  Terribla Nervousa est la grande sœur de papa. C’est une tantie que  j’appréciais beaucoup. Elle et son mari habitaient à Bouaké avec leurs  deux filles Sara et Rebecca .Lorsqu’elle venait à Abidjan pour des  courses, c’était chez nous à la maison qu’elle restait.J’aimais beaucoup  causer avec elle, je la trouvais trop cool.De plus, elle se levait  chaque matin et priait de 4heures à 7heures. Je me suis dit que si je  grandissais , j’allais être comme tantie Terribla Nervousa.Elle m’apportait assez de cadeaux, me parlait de ses filles qu’elle aimait beaucoup.
 Aussi  en 1990, lorsqu’il eut le problème d’année blanche et que mes parents  m’informèrent que j’allais aller chez tantie teribla Nervousa le temps  que la situation s’arrange, je sautai  de joie. J’allais  aller rester chez mes cousines Sara et Rebecca et enfin être délivré  pour un moment des griffes de Pierre et Paul, mes frères jumeaux qui me  fatiguaient.
Djaaaaaaaaa, c’est là que j’allais découvrir le vrai visage de ma tante Terribla Nervousa. 
Le jour où je suis arrivée avec ma tante, son mari semblait surpris.
 -Mais chérie, tu ne m’as pas dit que ta nièce allait passer quelques jours ici.
 -Regarde,  je n’ai pas besoin de t’informer ! Ou bien ici là, ce n’est pas ma  maison aussi ! La fille de mon frère va venir voir ses cousines quelques  jours là, je dois écrire « J’ai l’honneur ? » Pourquoi tu es compliqué  comme ça hein ?   
Mon oncle n’a plus parlé, il a baissé les yeux et m’a dit : « Bon, bonne arrivée Jemima » !
 Ça m’a semblé étrange, mais tantie a souri et mes deux cousines se sont précipitées dans mes bras.J’ai donc oublié cette scène.
 Mes  cousines étaient sympathiques, je jouais avec leurs jouets. Tantie et  tonton habitaient dans une grande maison bien meublée et décorée avec  goût. Il y avait des dépendances. Ils vivaient seuls avec deux servantes  Aya et Affoué.
 Tantie  ne travaillait pas, mais je remarquais qu’elle n’était jamais à la  maison. Tout reposait entre les mains des servantes, même l’entretien de  la chambre de tonton et tantie.
 Les servantes  avaient  leurs chambres à part. Mais apparemment, elles ne s’entendaient pas  avec tantie Terribla Nervousa. Elle se plaignait toujours de la sauce,  les insultait devant nous, les traitait de voleuses de maris, de  sorcières, de filles de rue.
 D’ailleurs même, à la fin de la deuxième semaine de mon séjour, tantie Terribla Nervousa les renvoya.
 -Mais chérie, tu as quels problèmes et puis c’est toujours toi qui renvoies tes servantes ?
 -Quoi,  Zahon, pourquoi je les chasse ? C’est toi maintenant qui va défendre  les bonnes ? Si elles sont mauvaises et impolies, c’est normal que je  les chasse ! Toutes les filles que j’ai depuis là, elles te cherchent,  tu crois que je ne vois pas ?
 -Moi Zahon, ces filles là me cherchent ? Non, pardon Terribla Nervousa, pardon !
 -Quoi  pardon ? Mais voilà la preuve puisque c’est toi qui prends leur  défense ! C’est donc vrai ! Méchant, menteur, hypocrite ! Je vais te  tuer.
 Et tantie a pris la sauce et a versé sur tonton. Elle a commencé à crier, à le taper.Tonton  faisait des efforts pour la maîtriser, mais elle ne voulait rien savoir. En même temps, Rebecca et Sara  ont attrapé ma main et nous sommes rentrées dans leur chambre.
 -Jemima, c’est toujours comme ça ici. Mais tu vas voir, ça va s’arranger. Maman quand elle est fâchée là, qui peut l’attraper.
 Effectivement, tonton a réussi à amener tantie Terribla Nervousa dans la chambre.
 Le  lendemain matin par contre, tantie s’est levée en criant, elle a tapé à  notre porte et nous a demandés de nous habiller et de prendre nos  affaires parce qu’on quittait la maison.
 Tonton était derrière elle et lui demandait pardon
 -Zahon, laisse-moi ! Il faut aller épouser tes bonnes ! Laisse moi deh !
 Les filles et moi, nous étions très gênées. On a commencé à ranger nos affaires. Tonton s’est précipité au dehors et quelque temps après, il est revenu avec la femme du pasteur.
 Elle  a pris tantie, s’est assise au salon et a parlé longuement avec elle.  Après, tantie est venue nous dire que ce n’est plus la peine, qu’on ne  bougeait plus. Elle avait le visage serré comme ça. La femme du pasteur  est partie et est revenue avec une fille.
 -         Ma sœur, c’est ma servante. Mais il faut la prendre en attendant.
 L’affaire était donc réglée. Cependant, deux jours après,  tantie a appelé la femme du pasteur.
 -         Maman, merci pour ta fille, mais est-ce que tu sais que c’est une sorcière ? 
-         Ha bon, comment ?
-         Mais  le jour où elle est venue là, j’ai été attaquée dans mes rêves.Et puis  matin, j’ai senti qu’elle a regardé mon mari façon là ! On dirait  qu’elle veut le chercher. Il faut la reprendre. Je vais moi-même aller  chercher une fille ailleurs.
 -D’accord ma sœur !
 Maman  pasteur a repris sa fille et est partie. Durant les six mois que j’ai  fait chez tantie, les filles venaient et partaient seulement. Tantie ne  s’entendait jamais avec elles, mais comme elle ne voulait rien faire  dans la maison, elle était serrée.
 Le  fait qui me marquait aussi, c’était que j’avais l’impression que tantie  n’aimait pas tonton.Elle se moquait de son gros nez, de sa manière de  s’habiller, elle le traitait de guéré mangeur d’hommes, elle criait sur  lui devant ses collègues lorsque ceux-ci venaient à la maison.
 Mais tonton avait bon cœur, il prenait tout en ironisant et il se moquait gentiment de tantie.
 Une  fois, tonton avait dit à tantie Terribla Nervousa que le lendemain, il  allait sortir avec ses collègues pour une sortie d’ entreprise.  Tantie s’est fâchée, elle a commencé à dire que c’est faux, que tonton va plutôt sortir avec femme, qu’elle n’est pas bête. Le  lendemain, à ma grande surprise, tantie a enfermé tonton dans la  chambre, elle était devant avec un pilon et criait : « Aujourd’hui là,  tu ne sors pas, ton pied, mon pied ».
 Tonton a demandé pardon, tantie ne voulait rien entendre.
 A  10heures, un collègue de tonton Zahon est passé à la maison. Tantie a  refusé d’ouvrir la porte de la maison. Ce n’est qu’à 19 heures que  tantie a ouvert la porte de la chambre. Tonton était fâché, mais il n’a  rien dit. A vrai dire, Rebecca supportait mal cette domination de tantie sur tonton tandis que Sara ne disait rien. Une  fois, Rebecca m’a dit qu’elle était fatiguée de sa mère et que sa  prière, c’était qu’un jour, son père la botte bien. Je la sentais plus  proche de son père que de tantie Terribla Nervousa.
 Moi  aussi, j’étais déçue ! On ne sait pas quel jour il fallait être  content, quel jour il fallait se fâcher. Je préférais de loin les  taquineries de mes frères Paul et Pierre face au caractère de tantie  Terribla Nervousa.
 Une  fois, une tantie de l’église est venue voir tantie Terribla Nervousa et  avant de partir, elle a remis 500 F à Sara et Rebecca.
 -Mes filles, qu’est ce qu’on dit à tantie ?
 Mes cousines ne savaient que répondre.
 -Sara  et Rebecca, quand votre papa me donne l’argent là, qu’est ce que je  réponds ?avait demandé tantie Terribla Nervousa en souriant.
 -Han han, on sait ! Et Sara et Rebecca de se tourner vers la tantie et de dire en chœur :
 -C’est tout, c’est tout ! Tu ne peux ajouter encore ?
 Là, tantie Terribla Nervousa est devenue rouge, elle a giflé Sara et Rebecca devant la tantie et a commencé à les frapper.
 -Aie, mais maman, c’est comme ça tu réponds à papa non !
 La  tantie s’est retirée gênée, tantie Terribla Nervousa a appelé tonton  Zahon.Celui-ci est venu à midi alors que ce n’était pas dans ses  habitudes.
 -Terribla  Nervousa, il y a quoi ?
 -Ce sont tes filles là, ce que tu leur as appris là, c’est ça elles ont dit devant tantie Rose.
 Exténué, tonton a frappé aussi sara et Rebecca et est retourné au travail.
 Une fois encore, c’était un samedi. On regardait la télévision moi, mes cousines, tonton et tantie. Les oiseaux du monde étaient en train de chanter : « On a bougé, bougé… ».
 Après ce clip, une speakerine est apparue pour présenter le programme. Tonton a dit : « eh, aujourd’hui là, Elisabeth Tano est jolie que d’habitude ! ». Tantie s’est fâchée. Elle a accusé tonton d’aimer Elisabeth Tano.
 -Chérie, toi aussi ! 
 -Comment moi aussi ! hein ! Vous les hommes là ; qui ne vous connaît pas !
 Tantie a vociféré, a commencé à pleurer, a giflé tonton. A la fin,elle a cassé la télévision ainsi que des assiettes. Le  jour où mes parents ont appelé pour me dire que j’allais revenir,  j’étais contente. Mais j’étais quand même malheureuse pour Sara et  Rebecca.
 -Jemima, nous on est habitués oh ! me disait Rebecca.
 Tantie  est venue me redéposer à Abidjan chez mes parents. Lorsque ceux-ci  m’ont demandé comment s’était passé mon séjour là bas, j’ai dit que ce  s’était bien passé. Mais après le départ de tantie Terribla Nervousa, j’ai tout expliqué à mes parents.
 -elle commande tonton Zahon, elle crie sur lui, elle le frappe souvent, elle sort  seulement.
 Mes parents m’ont traité de menteuse et m’ont interdit d’en parler à qui que ce soit.
 -papa, c’est vrai oh !
 -tais toi Jemima ! Tais toi......
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